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Charles "Kiki" Antenen évocation
Par Didier Antenen
préambule
"Vers la fin de la deuxième guerre mondiale, mon père m'emmenait aux Charmilles voir jouer Servette, où "tourbillonnait" Lulu Pasteur et Jacky Fatton. Gosse émerveillé par le brio grenat, j'apprenais aussi à admirer et à aimer l'adversaire : Bickel le magicien, Amado l'artiste, le subtil Friedländer du prestigieux GC, Bocquet, Nicolic du LS et bien d'autres.
L'adolescence venue, j'allais, comme beaucoup, tomber amoureux d'une équipe séduisante, inspirée et façonnée par deux authentiques seigneurs du football : le regretté Trello Abegglen d'abord, durant la guerre, et Georges Sobotka juste après. Pendant près de vingt ans, le FC La Chaux-de-Fonds allait subjuguer les publics helvétiques.
Jeune spectateur en 1948 à la Pontaise, lors de la première victoire en coupe à l'issue d'une troisième finale contre Granges, puis jeune journaliste TV en 1964, à la Charrière, à l'occasion du dernier titre de champion, je peux témoigner modestement mais avec ferveur. Le FC La Chaux-de-Fonds de la grande époque était caractérisé par une constance tombée hélas ! en désuétude dans le football d'aujourd'hui. C'était une équipe de style, un style fondé sur la technique, la finesse, l'esquive, l'adresse et l'esprit, dont le charme exerçait un pouvoir singulier et, à vrai dire, inoubliable.
Une nostalgie douce-amère me gagne à l'évocation des Sobotka, Kernen, Mauron, Morand, Pottier, Bertschi et du plus grand d'entre eux Kiki Antenen..."
Jean-Jacques Tillmann. Avant-Propos. FC La Chaux-de-Fonds 1894-1994. Ed. FCC
1945-1949
Le 9 septembre 1945, il n’a pas encore 16 ans, Charles Antenen dispute sa première partie en LNA, contre le FC Cantonal.
Didier Antenen
Le 13 octobre 1946, La Chaux-de-Fonds – St-Gall 4-1
"[...] La Chaux-de-Fonds, face à St-Gall, vient de démontrer toute sa réelle valeur. Sa très jeune ligne d’attaque fit des prouesses extraordinaires d’adresse et de rapidité. Antenen s’est surpassé et nous ne serions pas surpris de voir ce jeune homme de 16 ans sélectionné pour notre team national."
La Semaine Sportive du 15 octobre 1946
MAIS LA CHAUX-DE-FONDS DEVAIT GAGNER PLUS NETTEMENT
"[...] Cependant, il est juste de reconnaître qu’Amey est magnifiquement encadré par deux jeunes éléments de valeur. Antenen n’est pas loin de valoir nos bons inters de Suisse. Tout en lui indique le futur joueur de grande classe. Fin, racé, très à l’aise malgré sa petite taille, il peut encore tabler sur cet atout non négligeable : la puissance de shoot. Et hier contre la solide formation argovienne, il a très bien tenu le coup physiquement. On peut en dire de même pour Kernen."
Q. Z., L’Impartial du 25 novembre 1946
Le 1 juin 1947, La Chaux-de-Fonds – Schaffhouse 8-1
"[...] Chez les Chaux-de-fonniers, Antenen s’impose de plus en plus. C’est une merveille d’admirer le jeu constructif de ce brillant élément."
G. P., La Semaine Sportive du 3 juin 1947
Le 28 septembre 1947, Lausanne – La Chaux-de-Fonds 2-3
"[...] Les Neuchâtelois se présentèrent dans un flambant maillot grenat et partent aussitôt à l’assaut. Les 7000 spectateurs ont à peine le temps d’examiner cet ensemble aux couleurs qui ne lui disent rien de bon que le jeune Antenen s’échappe et marque après 35 secondes de jeu ! On n’avait encore jamais vu ça à la Pontaise…"
La Feuille d’Avis de Neuchâtel du 29 septembre 1947
Le 5 octobre 1947, La Chaux-de-Fonds – Zurich 4-1
"[...] Le point fort de l’équipe neuchâteloise réside dans l’ardeur de sa jeune ligne d’attaque, rapide, décidée, mobile, sachant se jouer de l’adversaire, le jonglant même parfois. Antenen est toujours là, bien placé, profitant de chaque erreur que pourrait commettre l’adversaire. C’est lui qui, suivant une balle perdue, marqua intelligemment le premier but de la rencontre. Amey signa le second, alors que Zurich avait égalisé par Kohler. Kernen se chargea sur corner du troisième but et Hermann, d’un shoot puissant, porta finalement le score à 4-1."
G. P., La Semaine Sportive du 7 octobre 1947
"Voici la formation de notre équipe nationale formée pour la rencontre Suisse - Belgique, telle que vient de la communiquer la commission technique :
Litscher (Zurich); Gyger, Steffen (Cantonal); Belli (Servette); Eggimann, Bocquet (Lausanne); Bickel (Grasshoppers); Lusenti (Young-Fellows); Tamini (Servette); Maillard II (Lausanne); Fatton (Servette).
Remplaçants : Sidler, Antenen, Eich."
La Feuille d’Avis de Neuchâtel du 27 octobre 1947
Le 7 mars 1948, demi-finale de la Coupe Suisse, La Chaux-de-Fonds – Bellinzone 1-0
"Douze mille spectateurs, chiffre record au Parc des Sports de La Chaux-de-Fonds, formaient un décor émouvant autour du terrain éclairé par le soleil qui faisait fête à la métropole de l’horlogerie en ce beau jour du 7 mars 1948. Bellinzone est accueilli par de vivants applaudissements, alors que La Chaux-de-Fonds est follement ovationnée. De petits drapeaux aux couleurs neuchâteloises et tessinoises s’agitent nerveusement au-dessus de cette haie humaine juchée en partie sur des camions. Le referee énergique et décidé, Monsieur Von Wartburg, donne le coup d’envoi. Chaux-de-Fonds se porte à l’attaque et un corner est déjà sifflé contre Bellinzone. Le début relativement nerveux est toutefois à l’avantage des Tessinois, mais Castella et Buhler bien appuyés par Leschot annihilent cette furia. Weber est particulièrement dangereux et il faudra toute la maestria de Buhler pour éviter que ce joueur n’ouvre le score. Après ce flottement, la Chaux-de-Fonds se porte résolument à l’attaque. Des tirs d’Amey et de Kernen frisent la latte. La défense renforcée de Bellinzone est à l’ouvrage et rien ne se passe. Dès la reprise, La Chaux-de-Fonds reste au commandement, constamment. L’impression est que les "Granata" cherchent le match nul, tant leur acharnement est grand à détruire le jeu de leur adversaire. Sans cesse la balle revient sous les buts de Lacqua, mais sans cesse elle est repoussée par toute la défense de Bellinzone. Et pourtant à la 75e minute, Antenen reçoit le cuir, dribble Bianchini et Balestra, remonte sur la gauche et d’un tir sec croisé à quinze mètres bat Lacqua sidéré... »
G. P., La Semaine Sportive du 9 mars 1948
LE FOOTBALL RAPIDE, ARDENT, SURVOLTÉ, HAUT EN COULEUR, DES ESPAGNOLS S'EST HEURTÉ À UN ONZE SUISSE POURVU D'UNE TECHNIQUE, D'UN SENS DE COMBAT SUPÉRIEUR
"Cette équipe d’Espagne, elle nous arrivait parée de pittoresque, de poésie, de mystère; c’était l’inconnue du jour parce que nous ne savions rien ou presque de sa valeur réelle, de sa forme du moment. C’est ce qui fit le charme de la partie de Zurich; on se plut à assister à ce football inédit, haut de couleur, de fantaisie, contrastant avec celui parfois trop bassinant, trop classique, de certaines équipes européennes. La démonstration dominicale est patente, la preuve s’est répétée : le jeu ibérique a son caractère, sa personnalité, son originalité, tellement il est prompt, inspiré, artistique, quand ce n’est pas théâtral. Bref, personne n’a eu le temps de faire la sieste au Hardturm. Mais il n’y eut pas seulement l’Espagne devant laquelle on s’extasia, on s’humilia même pendant longtemps, jusqu’au moment où les dieux du sport fatigués de nous faire souffrir, se décidèrent de renverser le sablier et de reporter leur indulgence vers l’équipe suisse. Sans doute, tout ne fut pas en or chez cette dernière. Le début de match ne laissait rien présager de bon; des malfaçons dans l’édifice défensif créèrent le malaise, l’inquiétude. Pendant un quart d’heure, on côtoya l’abîme; ça sentait la catastrophe, la déroute. Quand les nôtres commencèrent à se sentir les coudes, le tableau accusait l’offensant passif de deux buts. Sur les lèvres officielles se dessinait le rictus amer.
Mais si le onze suisse avait fait des concessions en apparence définitive, c’était là le sentiment seul de la foule. Nos hommes continuèrent leur boulot comme si rien ne s’était passé; il en est même un qui prit le mors au dents, culbuta, en moment, tous les obstacles et se risqua à tirer en direction des buts espagnols : le demi-aile Lusenti. J’ai le sentiment très net que le redressement suisse a son origine chez Lusenti. En football, comme dans la vie de tous les jours, priment le caractère, la volonté, l’intelligence. On a vu tout cela chez le gars zurichois qui galvanisa, en somme, ses camarades, rétablit la confiance dans les rangs suisses. Après la destruction, on se remit donc à bâtir sur des bases solides. D’abord un mur des lamentations contre lequel vinrent s’écraser tous les fiers-à-bras d’en face. C’était fini la rigolade pour les beaux gosses de la Catalogne, de la Castille ou de l’Andalousie. On allait désormais voir ce qu’on allait voir ! Très tôt la Suisse se hissa au niveau de sa rivale, la dépassa et dicta finalement sa loi. Pense de la sorte qui voudra, mais cet épanouissement des coquelicots helvétiques sur le rectangle vert zurichois a été un beau, un grand spectacle.
A la Bernstein
Ainsi donc, dès le lever de rideau, on s’est trouvé dans le vif du sujet, en plein drame, avec des personnages donnant au maximum de leur passion. Suisse – Espagne s’est joué à la façon d’une pièce de Bernstein. L’équipe espagnole, l’équipe de la tempête, bousculant tout sur son passage. Du point de vue de l’orthodoxie et des règles de la froide logique, le style n’a rien de commun avec la production suisse. Peu importe. On a préféré dimanche, cette forme de harangue qui prend aux entrailles à l’homélie impeccable qui atteint la raison sans passer par le cœur. Dimanche, l’Espagne a voulu enlever la décision à la hussarde, au risque de faire rougir les puristes. Après un petit quart d’heure on eut bien la conviction que l’affaire était dans le sac, que les jeux étaient faits. Pourquoi ces angoisses ? Parce que notre équipe, qui avait reçu la consigne d’adopter la tactique offensive au start, craqua par deux fois en défense. Pendant cette période noire, on se rendit compte que la vitesse espagnole est érigée en système de jeu. Elle se mue, en somme, en tactique dispensant toutes les autres. Comme disait Pasqual : "La vraie éloquence se moque de l’éloquence". Il a suffi aux démonstratifs orateurs d’outre-Pyrénées de s’abandonner à la plénitude du sujet pour subjuguer l’auditoire suisse, incapable de soutenir la contradiction. Bref, on allait au devant d’un fiasco après les tirs victorieux de Pahino et Igoa.
Revalorisation du franc suisse
Le début foudroyant des Espagnols n’eut pas de suite. C’est là le miracle de la journée. Insensiblement, les Suisses versèrent sur cette exubérance le calmant de leur technique. Il y eut d’abord Lusenti qui se signala par des efforts individuels; puis Bocquet, Eggimann, purent songer à fabriquer de la munition pour la ligne d’attaque. Pendant près de vingt minutes, celle-ci ne battit que d’une aile, car à gauche le jeune Ballaman ne pouvait égaler les performances du jeune blondinet Antenen, guère impressionné de se trouver en si haute compagnie. C’est donc surtout par le centre que l’on tenta la percée; sur l’une d’elles, Tamini se trouva en conflit avec le gardien et l’arrière Curta; sans qu’on sache trop pourquoi, la balle roula au fond des filets visiteurs. Le destin venait de corriger un tant soit peu le score. En moins de temps qu’il faut pour l’écrire, l’espoir monta. Rien n’était perdu. L’instant psychologique pour l’équipe suisse. Le match recommençait. La victoire espagnole incertaine, les brèches helvétiques colmatées, on assista à un football constructif, discipliné. Réparé en hâte, le verrou fonctionnait à nouveau. Pendant de longs moments et jusqu’au repos, la Suisse tint le couteau par le manche. Riche occasion d’observer la tactique espagnole : un WM nuancé; un seul arrière jouant l’ailier (Clemente – Ballaman), l’autre arrière jouant comme back central, stoppeur de Tamini. Voilà bien du neuf ! Par ailleurs, le marquage défensif donnait : Alconero – Maillard, Nando – Friedländer, Alonzo – Antenen. Vaille que vaille, ce système révéla des imperfections parce que les Espagnols, gagnés par leur amour immodéré de l’attaque à outrance, oublièrent l’essentiel, répudièrent les consignes, découvrirent leur réseau défensif. Ce fut le salut de la Suisse. A la mi-temps, l’optimisme de la foule était presque au beau fixe sous le ciel gris et menaçant.
Confirmation
A la reprise, les Espagnols tentèrent de répéter leurs exploits du début. Mais le correctif apporté au vestiaire à la tactique suisse mit rapidement le holà aux ambitions des Epi, Munoz, Pahino et consorts. La quinquette espagnole donna bien de la voix, avançant en passes courtes, pratiquant avec art le dédoublement; ces attaquants impulsifs, agiles, vivant uniquement dans le présent, accomplissant des exploits inouïs, tirèrent pendant un quart d’heure les cartouches décisives. Aucune ne toucha la cible. On montait bonne garde dans le secteur, toutes sentinelles en éveil; Steffen qui avait sans doute reçu l’ordre de ne plus monter, attendit son homme de pied ferme dans les vingt–trente mètres, ce Pahino redoutable par son shoot. Avec Steffen, Belli, Lusenti, Bocquet, Eggimann, Maillard, le front suisse fut infranchissable, ébranlé parfois, mais reconstitué en hâte. On pouvait aller de l’avant, penser à l’égalisation. Restait à démanteler cette défense espagnole par une large utilisation des ailes. L’équipe suisse s’employa à forcer le dispositif arrière.
L’égalisation, un chef-d’œuvre de préparation et de finition
Serrons de près le sujet, car il en vaut la peine. La Suisse a le vent en poupe, c’est l’heure de la grande offensive. Bocquet, en possession du cuir, élimine proprement deux adversaires avec la collaboration de Maillard; ce dernier fait une ouverture à gauche, la balle parvient ensuite à Friedländer qui centre sur Antenen; le cadet chaux-de-fonnier reprend de la tête. C’est but. Conçu à quelque trente mètres des buts de Corrodi, il est un chef-d’œuvre d’exécution et de finition. Du football pur, académique, élégant, peigné, soigné. Une clameur aiguë jaillit de la foule, fulgurante étincelle de décharge de ce condensateur humain. Antenen se souviendra longtemps de l’ovation qui déferla des gradins et de la tribune.
On allait désormais vivre en pleine euphorie; c’était la vie en rose; on allait bientôt célébrer la victoire. Hélas, la fièvre de fourmilière était loin d’être tombée chez les Espagnols; sur une contre-attaque, l’inter Munoz marquait le troisième but après que la balle eut heurté le poteau sur un envoi de Pahino. Un silence de mort succéda à cet exploit combien inattendu. Mais la bonne justice veillait. Trois minutes étaient à peine écoulées qu’Eggimann était préposé à tirer un coup franc; contrairement à son habitude, il donna tranquillement le cuir à Lusenti qui le transmit à Antenen; notre diable de petit bonhomme se lança dans la brèche, échappa à son garde chiourme Alonzo et expédia en force la balle dans les filets d’Ezaguirre. Nos hôtes faillirent bien subir un autre affront encore et toujours par Antenen; du pied gauche, le cadet neuchâtelois envoya le cuir sur le montant. Puis Tamini eut la balle de match; sa volée rata l’objectif.
Vainqueur moral, oui
On n’insistera jamais trop sur la partie merveilleuse jouée par les Suisses pendant vingt minutes de la première mi-temps et presque toute la seconde période. La sagesse réfléchie, la confiance en soi, l’application de la tactique, la souveraine tranquillité d’esprit, le jeu d’équipe enfin sont autant de constatations réconfortantes au soir de cette mémorable rencontre internationale. Autre vérité : le travail acharné (Lusenti en est le prototype), méticuleux, consciencieux des Belli, Steffen, Bocquet, Corrodi et toute la smala. De la foule est monté un grand enthousiasme pour la tenue d’Antenen, que les techniciens ont eu l’audace de bombarder international à dix-huit ans. On a suivi avec curiosité les premiers pas du jeune prodige (le mot n’est pas trop fort) qui se sera endormi en serrant bien fort ses deux buts sur son cœur de grand gosse. Moins de panache chez Ballaman, encore que son optimisme soit de bonne augure; il n’eut pas la réussite de son camarade bachelier. Fatton ferait mieux dans le paysage, c’est évident. Dans le clan des vieux capés, la distribution des louanges est superflue; c’est l’égalité sur toute la ligne, c’est la consécration du travail collectif, le sacrifice de la personnalité au profit de la communauté. Rarement autant que dimanche, la Suisse a été à l’image d’une famille unie, animée d’un esprit sain. Dès que l’esprit souffle, tout plie devant lui; sans lui, cela eut été la débâcle. Dans le succès moral d’hier, saluons la promesse des jours heureux pour le football suisse."
Albert Tripod, La Semaine Sportive du 24 juin 1948
Berne, le 26 mai 1949, Suisse – Pays de Galles 4-0
"[...] Cependant il serait injuste de ne pas parler de la grosse part prise par Antenen. Celui-ci, jouant quelque peu en retrait et faisant office par instant de second centre-demi, se montra un constructeur remarquable."
Adrien Chevigny, La Semaine Sportive du 28 mai 1949
"[...] Antenen se révéla grand constructeur."
H.-L. Bonardelly, La Semaine Sportive du 28 mai 1949
"Alors que j’avais vingt ans, une équipe professionnelle de Rome – Lazio – m’a fait des propositions mirifiques pour un engagement de deux ans : 120 000 francs à la signature du contrat, plus un salaire mensuel, plus de substantielles primes par match gagné.
[…] Mes parents me trouvaient encore un peu jeune. De plus, je n’avais pas encore un métier en main. D’autre part, personne de Suisse ne s’était engagé à l’étranger. Enfin, pendant ces deux ans, j’aurais été "sur la touche", ce qui signifie que je n’aurais pas pu jouer dans un match international, ni pour la Suisse, ni pour l’Italie."
Charles Antenen. Kiki Antenen Footballeur. Ed. Beley. 1961
"En 1949, les pourparlers étaient très avancés avec Lazio qui m’offrait 100 000 fr. pour deux ans et des primes de 5 à 6 000 fr. par mois. Etant fils unique, aimant La Chaux-de-Fonds, personne ne m’a véritablement poussé à partir et j’ai finalement renoncé."
Charles Antenen. La Semaine Sportive du 20 août 1974
1950-1954
Bello-Horizonte, Brésil, le 25 juin 1950, Coupe du Monde, Suisse – Yougoslavie 0-3
LA CONDITION PHYSIQUE DECIDE DU SORT DU MATCH
"Et la partie commence. Anxieusement les membres de l’expédition suisse suivent le jeu. Mais un miracle s’accomplit. L’équipe "flambe". Les Yougoslaves sont tenus en échec. Notre défense oppose une barrière infranchissable. Bocquet et Neury se révèlent de grands arrières. Stuber est dans une forme splendide. Dans le camp intermédiaire on joue. Quinche toutefois est faible. Eggimann couvre un terrain trop étendu et Lusenti oublie bien souvent de marquer son ailier. Mais cela ne va pas trop mal. En avant tout le monde est brillant et nous assistons à une grande partie. Les minutes s’écoulent et toujours non seulement nous faisons jeu égal avec les Yougoslaves, mais encore nous les dominons à plusieurs reprises. Chez nos adversaires, la surprise est totale. Eux qui avaient raconté ici et là qu’ils ne feraient qu’une bouchée des Suisses, sont dans leurs petits souliers. A plusieurs reprises, nous croyons au goal, mais la malchance nous poursuit jusque sur le terrain. Tamini tombe alors qu’il était en bonne position. Fatton aussi manque une occasion. Le jeu est acharné et tout le monde pousse à fond. Les Yougoslaves ne savent plus comment riposter et voici qu’Antenen reçoit une balle alors qu’il est seul devant le but. C’est le moment crucial de la partie. Si nous marquons, nous pouvons gagner car au point où en sont les adversaires, c’est celui qui prendra le premier l’avantage qui l’emportera. Hélas, Antenen, nerveux, met au dessus et nous perdons sans doute le fruit de notre belle performance. Nous dirons même que c’est là que se joue la partie. Et la mi-temps survint alors que les Yougoslaves étaient complètement désemparés."
H.-L. Bonardelly, La Semaine Sportive du 29 juin 1950
Bâle, le 15 octobre 1950, Suisse – Pays-Bas 7-5
"[...] Si nous analysons notre compartiment offensif, il nous faut citer Fatton dont le retour en forme fut salué avec plaisir, et Antenen qui fournit une seconde mi-temps étourdissante, se jouant littéralement de ses adversaires."
A. Chevigny, La Semaine Sportive du 17 octobre 1950
IL A NEIGE DANS LA COUPE ET SUR LES CAMELIAS
"Le soleil a boudé la coupe. Est-ce pour cela que la finale a manqué d’éclat ? Mais déjà la voix des cloches pascales avait quelque chose de morne et de glabre à cause de cet inopportun crachin de neige qui enveloppa dans le vent tous les clochers du pays. Puis ce retour de froidure hostile à l’optimisme, à la joie, comme aux toilettes colorées, légères, ouvertes, enfin libérées des entraves de l’hiver et propice à l’expansion des larmes si longtemps contenues et dissimulées a, lui aussi, assombri ce jour de fête si brillant qui, à l’ordinaire, ouvre toute grande au monde des footballeurs les portes du printemps. C’est pourquoi, 90 minutes durant, on demeura devant un bûcher qui ne put s’enflammer, un feu d’artifice qui ne voulut partir avec ensemble, sous un orage qui ne creva point, devant une bataille vivante, animée, intéressante, certes, mais sans grandeur et dépourvue de cette substance exceptionnelle qui en fait tout le mordant attrait : l’événement épique. C’était la coupe, une fois de plus avec, à son début, et 20 minutes durant, les tâtonnements d’un nouveau venu en finale cherchant son assiette et son assurance sur cette grande scène du Wankdorf qui, le lundi de Pâques, est un peu l’opéra des footballeurs. Et comme il en va au théâtre, l’acteur principal, la vedette, en l’occurrence le FC La Chaux-de-Fonds, souffrait du manque de spontanéité des répliques du frais émoulu du Conservatoire, le Locarno, mais qui n’en était pas moins dans son rôle. Il fallut qu’Antenen traçât tout à coup un éclair de génie et d’opportunité jusqu’au-boutiste dans le ciel gris de cette finale pour que le stade s’échauffât quelque peu. Des pétards explosèrent dans le clan neuchâtelois et, quelques minutes plus tard, on récidiva avec la ferveur d’un premier août pour saluer un deuxième exploit du gosse Antenen. Désormais l’affaire, toute l’affaire, était dans le sac. Ayant pris la mesure de leur adversaire qui jamais ne les inquiéta dangereusement, les Chaux-de-fonniers refroidirent le jeu, dictèrent le calme et s’installèrent confortablement dans leur victoire. [...] Parti en nette position d’offside, le centre avant locarnais put marquer et, ce faisant, ranimer un feu qui continuellement mijota mais jamais ne s’enflamma. Et la deuxième partie du jeu eût été un long repas sans sel sans ce deuxième but tessinois, bien mérité par beaucoup d’ardeur sinon par une valeur réelle. Alors, on vit la vie renaître avec l’espoir retrouvé d’obtenir une éventuelle égalisation et nous vécûmes, alors, ce dernier quart d’heure le plus passionnant, le plus vivant de cette finale que l’hiver, à lui seul, a gâché de moitié, que la Chaux-de-Fonds eût pu enrichir de sa technique et de sa science si son adversaire avait été capable de l’obliger à en faire plus grand étalage et plus large emploi."
Pedrisat, La Semaine Sportive du 27 mars 1951
BOMBE SUR LE FOOTBALL SUISSE !
LE FC LA CHAUX-DE-FONDS RECLAME DES SANCTIONS CONTRE LE FC CHIASSO EN DECLARANT QU'IL EST IMPOSSIBLE DE DISPUTER DES MATCHES AU TESSIN
"La presse sportive (parfois désirée !) était convoquée à la mi-temps du match Chaux-de-Fonds – Bellinzone, par M. Russbach, président du club local.
Réunion au cours de laquelle, après que le public, par haut-parleur, eut été prié d’observer la plus parfaite sportivité, en traits, justement, de la sportivité sur les terrains sur sol tessinois plus spécialement. En effet, M. Russbach donna connaissance aux journalistes de la lettre qui a été envoyée par le FC La Chaux-de-Fonds au Comité de la Ligue Nationale, au Comité de l’ASFA, à la Commission des Arbitres et à tous les clubs de Ligue Nationale A.
Dans cette lettre, les dirigeants chaux-de-fonniers constatent, bien à regret, qu’il devient impossible de disputer normalement, dans une ambiance sportive, des matches au Tessin.
Il faut relever, écrivent-ils, qu’une bande d’individus chauvins et mal élevés, en grand nombre, pour lesquels une victoire remportées par tous les moyens, honnêtes et malhonnêtes, est le seul objectif, influencent avant, pendant et après le match, joueurs, spectateurs et arbitres. Une fois de plus, le dimanche 30 mars à Chiasso, nous avons été les témoins et victimes d’un tel scandale. Pendant le match, les joueurs excités par la foule hurlante, se sont laissés aller à des voies de fait.
Après avoir rappelé que le joueur Zappella, au moment des remises de touche, reçut des coups de parapluie, des coups de pied, des coups de poing, ainsi que des projectiles de toute sorte, les dirigeants chaux-de-fonniers font allusion à la rentrée à la gare des joueurs montagnards qui dut s’effectuer sous la conduite de la police et par des chemins détournés, sous les injures, les menaces et les projectiles qui volaient jusque dans le wagon de chemin de fer (pierres, crachats, cigarettes allumées, etc)."
J.-Cl. D., La Semaine Sportive du 8 avril 1952
Charles Antenen joue avec le Lausanne-Sports au cours de la saison 1952-1953. L’équipe promet; les résultats sont décevants.
Didier Antenen
Le 4 octobre 1953, La Chaux-de-Fonds – Zurich 4-2
"[...] Antenen se complaît de plus en plus à faire jouer de façon extrêmement intelligente ses coéquipiers pour réussir, à l’improviste, des percées qui laissent pantois les défenseurs qui lui font face."
J.-Cl. D., La Semaine Sportive du 6 octobre 1953
QUATRE JOUEURS SUISSES DE CLASSE INTERNATIONALE
"Mais avons-nous chez nous, quelques mois avant les Championnats du Monde, quinze à vingt joueurs de classe internationale ? Je ne le pense pas. Nos joueurs sont de classe nationale, mais nous n’avons pas actuellement onze, douze ou treize joueurs qui s’imposent irrésistiblement et dont la sélection va de soi. Pour l’instant, je n’en vois que quatre !
Obligé de démontrer par comparaison, je vais simplement reprendre l’équipe suisse qui participa en France, en 1938, aux Championnats du Monde. La voici: Huber, Minelli, Lehmann, Springer, Vernati, Loertscher, Bickel, Trello Abegglen, Amado, Wallaschek, Aeby.
A Paris, match contre l’Allemagne : 1-1 après prolongation; puis victoire 4-2 au deuxième match. Au tour suivant, nos Suisses épuisés par ces deux matches se présentèrent contre les Hongrois avec des blessés (Aeby, Minelli) et perdirent 2-0 contre des Hongrois qui avaient pu se qualifier sans blessures et sans fatigue.
Reprenons chaque poste et cherchons ensemble, parmi les joueurs de 1953, qui pourrait égaler les grands de 1938.
GARDIEN DE BUT : deux hommes : STUBER, par ses qualités naturelles, sa détente, sa souplesse, son "instinct" du jeu de gardien. HUG, par son sens du placement, son expérience, son intelligence du jeu, son art à diriger une défense.
ARRIERES : un seul nom : BOCQUET. C’est tout. Nous n’avons pas une paire Minelli – Lehmann.
DEMI-AILES : vous pouvez chercher dans toute la suisse, vous ne trouverez pas de Springer ou de Loertscher.
CENTRE DEMI : qui oserait prétendre que nous possédons, actuellement, un centre demi de la valeur de Vernati, sobre, clairvoyant, précis, résistant, marquant aussi bien en défense que participant habilement aux attaques ?
AILIERS : Bickel joue encore à côté de l’ailier de l’équipe suisse actuelle, Ballaman. Et il n’est pas toujours le plus faible que je sache… Or en 1938, il avait quinze ans de moins ! Incontestablement, cet homme avait la classe internationale. Avons-nous un Bickel aujourd’hui ? A gauche, jouait Aeby. A quelques mois des Championnats du Monde, où trouver un ailier pouvant essayer de rappeler le G. Aeby de 1938 ?
INTERS : ne parlons même pas de Trello Abegglen, inégalable et inégalé… Nous avons par contre un joueur de la valeur de Wallaschek : ANTENEN.
AVANT CENTRE : et le merveilleux Amado, vite, rusé, technicien, habile à berner les défenseurs, l’avons nous ? Mais non ! Ni Hugi, ni Vonlanthen, joueurs excellents, ne possèdent ce petit "quelque chose" que possédait Amado et qui fit de lui un tout grand centre avant.
Donc quatre hommes (pour trois postes !) pouvant prétendre remplacer les onzes de 1938 : Stuber, Hug, Bocquet, Antenen."
"Si j'étais à la place de M. Rappan..." Extraits d’un interview de C. Marmier - ancien directeur technique du Lausanne -Sports -. La Semaine Sportive du 27 octobre 1953
Paris, le 11 novembre 1953, France – Suisse 2-4
LA SUISSE – 7 DEFAITES EN 2 ANS – BOUSCULE EN PREMIERE MI-TEMPS, UNE EQUIPE DE FRANCE FIGEE ET SANS REACTION DEVANT 4 BUTS HELVETES CONSECUTIFS
L'Equipe du 12 novembre 1953
"Chez les Suisses, le gardien STUBER donna pleine satisfaction, mais le blond NEURY fut de loin le meilleur défenseur. Sans doute, ses services aux demis ou aux avants manquèrent-ils de précision, mais dans l’action proprement défensive, Neury contrecarra tous les projets français et fut vraiment une tour vainement battue par les flots. Avec lui BOCQUET qui n’avait pas joué depuis longtemps dans l’équipe nationale suisse fournit un bon match. Moins brillant, KERNEN fut un bon arrière droit et CASALI tenta souvent par des moyens irréguliers d’entraver les courses d’Ujlaki. Il fut souvent pénalisé mais le résultat a été cependant connu, c’est à dire que les offensives d’Ujlaki étaient brisées. EGGIMANN et MEYER, chacun dans son style particulier, unissent beaucoup l’équipe suisse, le premier par son intelligence du jeu, son placement toujours judicieux, le second par une activité absolument inlassable qu’il dépense sans cesse, soit pour seconder les avants, soit plus encore et surtout en seconde mi-temps pour se trouver sur le chemin des attaquants français et leurs barrer la route.
Enfin les quatre avants. ANTENEN brillant il y a quelques années et qui depuis quelque temps avait subi une éclipse, se retrouva complètement hier et fournit un match absolument digne d’éloges, surtout en première mi-temps. Du reste, quand un ailier marque trois buts en une demi-heure, la critique la plus sévère se trouve désarmée. Il fut aidé dans sa tâche par deux intérieurs, VONLANTHEN et BALAMANN, qui furent pour lui de précieux auxiliaires et aussi par l’ailier gauche FATTON qui marqua le troisième but pour l’équipe helvétique et qui représenta une source permanente de danger pour la défense française.
Tant du côté droit que du côté gauche, les Français étaient toujours sur le point d’être pris à revers, et ils le furent, en effet, d’une manière très complète pendant cette terrible demi-heure de feu toute entière à l’avantage de l’équipe suisse qui a remporté une victoire justifiée en tous points, qui réhabilite le football helvétique en même temps qu’elle inflige au football français une lourde humiliation. L’arbitre M. Ellis fut excellent et très bien secondé par les deux juges de touche français."
Gabriel Hanot juge le jeu et les joueurs. L'Equipe du 12 novembre 1953
Le 30 mars 1954, stade de la Charrière, demi finale de la Coupe Suisse, La Chaux-de-Fonds – Young-Boys 4-2
"Bientot la Charrière ne sera plus assez vaste pour contenir tous ceux qui veulent aller voir les grands matchs. Dimanche, elle contenait 16 000 personnes, qui la remplissaient comme un oeuf. Quelle affaire pour atteindre la tribune ! Et quelle autre affaire pour y trouver une place !
[...] On avait rarement vu un marquage plus serré. Chaque avant chaux-de-fonnier a son gendarme. Ils sont par paire : Antenen - Casali I ; Morand – Bigler ; Fesselet – Flühmann ; Mauron – Häuptli ; Coutaz - Casali II. Ces couples unis pour une heure et demie, se déplaçant ensemble, même s’il s’agit d’un centimètre à gauche ou à droite. Ils sont collés comme des frères siamois, lesquels, on le sait, ne s’aiment pas beaucoup.
[...] En avant Fesselet et Mauron, plein de mérites, ont été seulement un peu moins adroits que Coutaz et Morand, et sensiblement moins adroits qu’Antenen qui, avec un art supérieur, a fini par écœurer Casali I. »
Emile Birbaum, La Semaine Sportive du 2 avril 1954
LA CHAUX-DE-FONDS ACCEDE AUX HONNEURS SUPREMES ET OBTIENT LE TITRE DE CHAMPION SUISSE POUR LA PREMIERE FOIS EN BATTANT YOUNG-BOYS PAR 3-1
"Formation individuelle poussée, condition physique parfaite, précision dans les passes, orientation de celles-ci, contrôle du ballon avec la tête ou les pieds, mobilité incessante et attaque prompte de la balle, tout du côté chaux-de-fonnier y était, de même qu’une clairvoyance jamais trompée. En résumé, instrument complet, ardent, où chaque joueur tint sa place avec brio, sans qu’il soit possible de décerner la palme à l’un ou l’autre d’entre eux, encore que nous ayons un faible pour la ligne intermédiaire de premier ordre avec Kernen, Eggimann et Peney. Quant à Antenen, force est bien de reconnaître qu’une fois de plus il "plana" au-dessus de tous."
H.L. B., La Semaine Sportive du 11 mars 1954
Bâle, le 25 avril 1954, Suisse – Allemagne 3-5
"[...] Antenen und Fatton zählen zur europäischen extraklasse !"
Sport-Magazin du 26 avril 1954
Berne, le 20 juin 1954, Coupe du Monde, Suisse – Angleterre 0-2
Charles souffre d'insolation. Il devient maladroit et il est sifflé par le public au cours de la seconde partie du match.
Didier Antenen
CHAMPIONNAT DU MONDE
DE FOOTBALL
Incroyable mais vrai !
La Suisse élimine l'Italie par 4-1 (1-0)
Et se qualifie pour les quart de finale
Gazette de Lausannne du 24 juin 1954
Lausanne, le 26 juin 1954, Coupe du Monde, quart de finale, Suisse – Autriche 5-7
"C’est dommage que j’aie été autant délaissé."
Charles Antenen, La Semaine Sportive du 27 juin 1954
"Nous menions, à ce moment là, par 3–0. Et vous avouerez que nous étions en train de jouer pas mal du tout. J’ai titubé et je suis tombé sur la tête. Quand je suis revenu à moi, nous perdions 4–3. Tout le temps qui s’écoula depuis le troisième but de Hügi, je l’ai passé dans le brouillard. J’intervenais comme un automate… Je me rendais bien compte qu’il se passait un tas de chose sur le terrain, mais ma perception des événements était très superficielle.
Bien sûr, on a perdu un peu bêtement. Il aurait mieux valu pour l’équipe de Suisse que je ne me relève pas. On serait venu me chercher sur une civière. L’équipe aurait renforcé sa défense et, pendant que je reprenais mes esprits, on aurait tenu bon. Un quart d’heure après, je revenais et la mi-temps était proche… Enfin ! c’est fait ! On a eu de la chance et de la malchance pendant cette Coupe du Monde. C’est le football."
Roger Bocquet, La Semaine Sportive du 1 juillet 1954
1955-1959
Le 20 mars 1955, stade de la Pontaise, 27 000 spectateurs, demi-finale de la Coupe Suisse, Lausanne – La Chaux-de-Fonds 1-3
"[...] Sans vouloir minimiser le reste de l’équipe des champions suisses qui doivent tous être félicités pour cette magnifique victoire, sans vouloir m’étendre sur le duel victorieux que livra Kernen au centre avant Appel, sans vous conter le travail inlassable des arrières, des demis ou encore des avants, tel Fesselet ou Mauron, permettez-moi de consacrer quelques lignes à celui qui fut pour moi le meilleur homme sur le terrain, la cheville ouvrière de la victoire chaux-de-fonnière, j’ai cité Charles Antenen. Hier, notre international a été éblouissant. C’était son match. Quelle technique, quel amortissage de la balle, quelle virtuosité aussi ! Chaque fois qu’il était en possession du ballon, une crainte régnait chez les défenseurs lausannois. Oui, car chaque fois il combinait une attaque qui était près d’aboutir. Enfin, pour terminer, décernons le titre de "chef-d’œuvre" au second but du capitaine chaux-de-fonnier. Rarement, en effet, il nous est donné d’assister à une pareille réalisation."
Ray. D., La Semaine Sportive du 22 mars 1955
Lausanne, le 17 septembre 1955, Suisse – Hongrie 4–5
"[...] 55e minutes, l’instant crucial du match. Le nœud gordien de la rencontre. Un concentré de drame ! Antenen se trouve seul face à l’ultime défenseur magyar et lui administre un but "à la Passello", une de ces balles lobées dont la courbe fait rêver à la trajectoire d’une étoile filante… Mais un offside a présidé à ce chef-d’œuvre, à en croire le linesman et l’arbitre, dont le jugement est sans appel. Et dans la même minute, Puskas bat Pernumian dans des conditions si semblables que l’on craindrait d’être traité de chauvin en les comparant."
Gérald Piaget, La Semaine Sportive du 21 septembre 1955
"La première édition de la Coupe d’Europe est lancée en 1955–1956. C’est le journal L’Equipe qui en est le créateur. Y sont conviés les champions en titre de leur pays respectif. Le FC La Chaux-de-Fonds qui vient de réaliser deux années consécutivement le doublé (coupe et championnat) est en droit d’y participer. Mais surprise ! Si les champions des grands pays sont indiscutables, Paris ignore La Chaux-de-Fonds et invite le Servette de Genève ! Un comble d’injustice. Le FC La Chaux-de-Fonds est iniquement lésé. Servette n’y est pour rien et répond favorablement à l’invitation. Triste, la meilleure formation alignée par le FCC depuis sa création se voit purement et simplement ignorée par la capitale française."
Paul de Verrière, FC La Chaux-de-Fonds 1894 - 1994. Ed. FCC
Bruxelles, le 11 mars 1956, Belgique – Suisse 1-3
"[...] Contemplation
L’affaire était momentanément dans le sac, on peut contempler un peu l’ensemble. Et on voit que, contrairement à l’habitude, Meier joue carrément l’attaque en ligne. On estime sans doute que, contre les Belges, on peut se payer le luxe de relâcher la défense pour forcer l’attaque. Fameuse idée ! Tout marche à merveille chez les Suisses. La défense se bat durement avec les grands gaillards de l’attaque belge. Les trois demis suisses, non seulement refroidissent leur homme, mais, plein d’autorité et de calme, avancent et prospèrent de bonnes balles pour l’attaque, où l’on voit deux hommes maîtres du jeu: Antenen et Ballaman, qui triturant le cuir de pied de maître, se défont adroitement de leurs adversaires, même dans les situations délicates, se libèrent, regardent (c’est là l’important), regardent avant de passer, et passent juste de sorte que, de leurs pieds, la balle part à un autre pleine d’avenir. Les trois autres tiennent leur partie à satisfaction. Certes, Chiesa, avec un peu plus de calme, quand il était seul devant le but vide, au lieu de faire heurter le cuir sur la perche, aurait mis le résultat à 2-0. Certes, si Pastega, à l’autre aile, avait eu un peu plus de muscle, aurait lui aussi gagné le match quand, mis en possession du cuir dans des positions divines, il fallait seulement un shoot un peu plus puissant.
L’équipe
En somme, en cette première mi-temps on a eu la satisfaction de voir que les onze Suisses forment une équipe, c’est à dire un seul être, une machine dont tous les rouages fonctionnent avec harmonie.
Le plus beau
Le plus beau cependant, ça a quand même été Pernumian; beau physiquement et beau techniquement. Par exemple, quand il a boxé au loin, dans un réflexe inouï, une balle terrible et victorieuse de Mermans, il a signé cette première mi-temps d’un trait inoubliable.
Quand c’est fini, ça recommence !
La balle est à peine remise en jeu qu’elle se trouve au fond des filets suisses. C’est 1 à 1. Les Belges Van der Boesch et Mermans s’y sont pris à deux fois pour faire leur coup. L’un a d’abord mis le cuir contre le poteau et l’autre l’a repris pour la mettre au chaud. Du beau travail ! On imagine ce que ce succès initial a pu être comme stimulant pour les Belges. Pour eux, le match commence. Ils vont mener le bal maintenant. L’espoir change de camp. La Suisse va vers une mauvaise demi-heure. Finis les téléphones, les réseaux secrets. Les fils sont coupés, c’est une inondation. Chaque Suisse se trouve isolé dans son secteur et doit se tirer d’affaire seul. D’un moment à l’autre, on attend le deuxième but belge, et la défaite. C’est inévitable. Les avants belges se relaient pour harceler la forteresse suisse. Mermans, de ses nonante kilos, écrase Pernumian qui meurt un moment; on le ressuscite.
Le manche
Mais pour la Suisse, ça branle au manche. Pernumian de la pointe du doigt, de la pointe du pied, fait dévier les balles les plus perfides. Perruchoud et Dutoit ont fort à faire pour arrêter la marche conquérante de l’ennemi. On voit les avants suisses appelés au secours venir apporter leurs aides en arrière. Kunz, Vonlanden et Roesch se battent non seulement comme des lions, mais aussi comme des renards, c’est à dire sans se laisser noyer dans le marasme, gardant même la claire vision de la situation. Quant aux avants, ne pouvant plus établir entre eux des rapports normaux, ils s’individualisent : Ballaman, Meyer, se lancent dans des aventures sans issue.
La fatigue
Le plus grave, c’est que à la demi-heure, déjà avant, les Suisses donnent des signes de fatigue; la réception, le traitement de la balle ne sont plus aussi précis. Le pied n’obéit plus; le corps non plus. De sorte que les balles sont souvent abandonnées. Où allons-nous ?
Le miracle
C’est alors du fond du pot que surgit la merveille. Au moment où la Belgique attaque de toutes ses forces, le cuir arrive dans le secteur belge, à droite. Il est repris par Chiesa qui, adroitement, se débarrasse des adversaires, approche, dribble, cherche le trou, ne le trouve pas; mais Antenen reprend le fil perdu, file à droite, jusqu’au behind, et au moment où on le charge, centre ras du sol, le long de la ligne de but. Déjà Ballaman, qui a saisi l’occase, a bondi et glisse le cuir dans les filets belges. But admirable. Semblable à ceux que fabriquèrent naguère Bickel et Amado, Bickel et Friedländer; des combles de ruse et de subtilité ! La Suisse accablée au milieu du terrain gagne par 2-1.
La fin
Inutile d’ajouter qu’il y a eu alors des scènes dramatiques devant Pernumian. Car les Belges outrés refusent la défaite. Ils reprennent leurs assauts. Perruchoud, devant le danger, arrête la balle avec l’épaule. On crie « pénalty ». L’arbitre refuse. Il lui faut du courage. La Belgique tire un coup franc, multiplie les essais, mais tout échoue. C’est trop tard. Il n’y a plus que trois ou quatre minutes de jeu. On est trop pressé, trop nerveux pour réussir quelque chose. Et si quelqu’un marque encore un but dans ce désarroi, c’est la Suisse par Meier ! Mais il est offside ! Ce n’est pourtant que partie remise, car quelque instant plus tard, le même Meier, dans une attaque confuse où plusieurs de nos avants sont impliqués, marque encore un but. C’est 3-1 ! C’est la victoire, la première depuis deux ans ! On est content parce la victoire a été obtenue par un onze qui a réellement bien joué."
Emile Birbaum, La Semaine Sportive du 13 mars 1956
LA CHAUX-DE-FONDS ABDIQUE LA TETE HAUTE
"[...] Pendant que les "sauterelles" étaient littéralement prises d’assaut par une douzaine de photographe, les onze montagnards quittèrent calmement le stade en direction des vestiaires, la tête haute, gratifiés d’une formidable ovation d’un public sachant apprécier pleinement la valeur de leur football."
Tribune de Lausanne du 28 mai 1956
Le 9 juin 1956, La Chaux-de-Fonds – Monaco 1–2
"[...] Antenen distribua ses balles avec une autorité dont il a le secret, tandis qu’à ses côtés le junior montheysan Pottier, dont c’était les débuts dans l’équipe montagnarde, livra une partie brillante et s’accommoda immédiatement au rythme de ses coéquipiers."
La Semaine Sportive du 14 juin 1956
Berne, le 11 novembre 1956, Suisse – Italie 1–1
"[...] Ce ne fut pas un jour "avec" pour Charles Antenen. Non seulement il ne reçut pas une balle à son aile pendant tout le début de la partie, mais encore son intégrité corporelle fut-elle atteinte sous forme d’une blessure au cuir chevelu, que l’on soigna, d’abord, en tentant de coller sur ses cheveux un sparadrap que le premier souffle de vent expédia sur le gazon ! Après quoi ses partenaires le confondirent probablement avec Jesse Owens en lui destinant des balles si lointaines que seul Ghezzi et le public qui le cernait en héritèrent. Il y a des jours comme ça…"
Vico Rigassi, La Semaine Sportive du 13 novembre 1956
Le 30 décembre 1956, La Chaux-de-Fonds – Young-Boys 4–3
"Antenen fut, une fois encore, l’animateur d’une attaque dont Pottier est le deuxième cerveau (cela fait beaucoup d’idées pour cinq joueurs de football !) et Kauer le finisseur."
Mabo, Tribune de Lausanne du 31 décembre 1956
Le 3 mars 1957, La Chaux-de-Fonds – Bâle 2–3
ANTENEN, PROVOQUE À PLUSIEURS REPRISES, EST EXPULSE DU TERRAIN
"[...] Le Chaux-de-Fonnier, qui chaque dimanche est l'objet d'une surveillance très étroite et pas toujours correcte de la part de l'adversaire, a payé dimanche de sa personne.
[...] Borer, un joueur qui a passablement à apprendre de l'ABC du football (ne pas confondre avec le rugby, Monsieur Borer) ne peut guère être fier de ses exploits. A plusieurs reprises, le Bâlois chargea incorrectement Antenen, l'obligeant même à sortir quelques instants en première mi-temps pour se faire soigner. M. Gulde qui avait aperçu ce manège, a repris à plusieurs reprises Borer pour finalement lui adresser un avertissement officiel. Cela ne devait guère servir car, en seconde mi-temps, une charge de Borer contre Antenen (qui aurait pu se terminer par un accident) amena une réaction de ce dernier qui fut sanctionnée par une expulsion. Pour la première fois depuis douze ans, Antenen ne pouvait maîtriser ses nerfs."
Raymond Deruns, La Semaine Sportive du 5 mars 1957
"[...] Meritava certamente il primo posto per la sua correttezza. Mai lo vidi reagire con un gesto di insofferenza ai falli che gli avversari errano costretti a commettere contro di lui, per soffiargli la palla. Mai aveva un gesto di disprezzo o risentimento verso chi, di fronte ai suoi irresistibili dribbling, ricorreva a entrate a volte rudi e grossolane."
Tiziano Colotti, journaliste sportif et ancien reporter de la Télévision Suisse Italienne. 2008
Bâle, le 19 mai 1957, qualifications pour la Coupe du Monde, Suisse – Ecosse 1-2
"[...] Les Suisses, c’est en première mi-temps qu’ils furent les plus beaux, notamment Vonlanthen et Antenen."
Emile Birbaum, La Semaine Sportive du 21 mars 1957
Berne, le 10 juin 1957, finale de la Coupe Suisse, Lausanne – La Chaux-de-Fonds 1-3
"La guerre de la finale a pris fin par une victoire méritée des Chaux-de-fonniers. Victoire méritée, certes, et pour plusieurs raisons. La première, celle d’avoir éliminé en quart de finale Young-Boys, puis en demi-finale Grasshoppers. La seconde, pour avoir pratiqué un bien meilleur football que leurs adversaires vaudois. Si le spectacle d’hier après-midi ne valut pas celui de la demi-finale, on le doit certainement à l’adversaire des vainqueurs. Appliquant une tactique bien différente des Grasshoppers, les Lausannois ont joué ou plutôt n’ont pas voulu laisser jouer les vainqueurs. Dès le début, ils ont surveillé de près tous les mouvements et gestes des avants chaux-de-fonniers, leurs disputant balle pour balle. Il fallut toute la virtuosité des deux chefs de file Pottier et Antenen pour pouvoir pénétrer avec succès à l’intérieur du camp lausannois. On aurait peut-être pu s’attendre à une meilleure finale, on en convient. Mais l’enjeu était trop important. Et c’est la raison pour laquelle nous avons trouvé beaucoup de nervosité parmi ceux qui disputaient leur première finale, nous pensons à Schmidlin, Pottier et Ehrbar. Mis à part Antenen, qui fut non seulement le meilleur chaux-de-fonnier, mais encore le meilleur homme sur le terrain, on peut une nouvelle fois mettre en évidence le tout petit Pottier. Trois de ses services ont permis à Mauron d’abord, à Antenen ensuite, à Kauer enfin, de marquer pour La Chaux-de-Fonds. Ses replis multiples en ligne défensive ont dérouté à plusieurs reprises non seulement son ange gardien, mais toute la ligne des demis lausannois. De plus, ses changements de poste avec Mauron ont mis à plus d’une reprise Weber dans l’embarras. Morand qui joua longtemps en première mi-temps comme quatrième demi, sut rendre plus d’un service aux arrières chaux-de-fonniers lorsque Lausanne semblait dominer."
Raymond Déruns, La Semaine Sportive du 11 juin 1957
"Le football lui avait tout donné. Impossible de trouver la plus petite faille dans le jeu de Charles Antenen que le public appelait "Kiki". Pied droit, pied gauche, volée, tir en course, dribbles variés, intelligence du jeu, buteur, passeur émérite, il savait vraiment tout faire. Et toujours mine de rien. Comme s'il voulait que la modestie colle à son jeu plein d'imagination. Athlétiquement fin mais résistant, Charles Antenen cachait une vitesse de démarrage ravageuse, une détente verticale toujours en harmonie avec le voyage de la balle.
[...] Charles Antenen était à sa naissance, de toute évidence, tombé dans le football. Sans tenter d'établir un classement forcément subjectif, il est certain que son cercueil a aujourd'hui, pour l'éternité, droit au premier convoi, celui des tout grands."
Norbert Eschmann - journaliste et ancien international de football - .
"Mort d'un gentleman footballeur". 24 Heures du 27 mai 2000
"[…] Lausanne-Sports et les hommes, les grands joueurs de sa vie, c'est comme un immense patchwork aux couleurs vives et variées. Pour La Chaux-de-Fonds, l'ouvrage n'est certes pas terne, au contraire, mais on peut se permettre de dire que l'éclat principal est donné par celui qui fut le porte-drapeau de la grande époque chaux-de-fonnière. Charles Antenen (né en 1929) fut en effet de tous les titres remportés par les jurassiens. Jugez : six Coupes de Suisse (1948, 1951, 1954, 1955, 1957, 1961), trois titres de champion (1953-1954, 1954-1955, 1963-1964). Impressionnant ! Ajoutez trois participations (1950, 1954, 1962) à la Coupe du Monde, ce qu'aucun autre footballeur helvétique n'a fait, et vous approcherez de la dimension exacte du bonhomme ! Songez encore, à l'instant du coup d'envoi du match LS – FCC, que Charly Antenen est mort dans sa ville, le 20 mai 2000, dans l'anonymat le plus total..."
Norbert Eschmann. "En pensant à Charly Antenen".
24 Heures du 3 décembre 2008
Le 10 novembre 1957, Young-Boys – La Chaux-de-Fonds 1-2
"[...] Alors que au fond, on aurait, à la rigueur, admis un 1 à 1, tant Young-Boys travaillait, sous la pression de la foule, à redresser la situation, on vit La Chaux-de-Fonds, tout à coup, porter l’estocade finale. Ce fut l’œuvre d’Antenen. A gauche Pottier avait servi Morand qui centra en l’air, à une certaine distance des buts. C’est alors qu’Antenen reprit directement cette balle du droit, l’expédiant en coup de canon au fond des filets d’Eich. Ici le mot "formidable" s’impose. J’ai beau chercher, il y a longtemps que je n’avais plus vu marquer un but pareil ! Le Wankdorf en resta muet."
E. B., La Semaine Sportive du 12 novembre 1957
Lausanne, le 24 novembre 1957, qualifications pour la Coupe du Monde, Suisse – Espagne 1-4
"[...] En jouant l’attaque, nous aurions peut-être pris deux buts de plus, mais nous aurions aussi marqué, car leur défense n’était pas invulnérable. Une fois de plus nous sommes entrés sur le terrain pour nous défendre, pour prendre le moins possible de goals, avec la crainte du ridicule, de la correction..."
Charles Antenen, La Semaine Sportive du 26 novembre 1957
Le 1er avril 1958, La Chaux-de-Fonds – Reims 2-1
ANTENEN, POTTIER, LEUENBERGER, MENENT LA VIE DURE A REIMS FLANQUE DE TOUTES SES VEDETTES
"La victoire des Chaux-de-fonniers, à Reims, il y a quinze jours n’était pas un accident. Ils viennent de le prouver en s’imposant une fois de plus par le même score.
[...] Cette équipe chaux-de-fonnière a fourni un tout grand match face au trio des grands noms de l’équipe de France : Vincent, Piantoni, Fontaine, flanqués de Penverne aux demis et de Jonquet en arrière."
Raymond Deruns, La Semaine Sportive du 3 avril 1958
Le 1er juin 1958, La Chaux-de-Fonds – Winterthour 4-4
"Pottier et "Kiki" produisent des feintes et des dribblings qui mettent les spectateurs en joie et leurs adversaires hors de combat."
R. A., La Semaine Sportive du 3 juin 1958
"En analysant la performance des Chaux-de-fonniers en cet avant dernier dimanche de championnat, on comprend que cette équipe ait connu des hauts et des bas cette année. En effet, à côté de joueurs chevronnés, évoluent des jeunes qui n’ont pas, et de loin, la maturité nécessaire. Si la défense ne cause guère de soucis, dirigée par un Kernen souverain et s’appuyant sur un gardien, Elsener, qui fut tout simplement stupéfiant, il n’en est pas de même de la ligne d’avants. Celle-ci, après la sortie de Zappella, fut pratiquement réduite à deux, voire trois hommes lorsque Casernai quittait le centre du terrain pour monter à l’attaque. Il est vrai qu’hier, les deux hommes chargés de mener les offensives neuchâteloises suffirent à mettre la défense des Grasshoppers dans ses petits souliers à plus d’une reprise. Pottier et surtout Antenen disputèrent une partie toute d’aisance, de subtilité et d’efficacité. Le dernier nommé a retrouvé en fin de championnat une forme étincelante et, par ses démarrages, ses feintes, ses déviations de balle et ses tirs secs des deux pieds, il a fait étalage d’une classe rare chez nous."
Claude Losey, L’Express du 15 juin 1959
Le 23 août 1959
LA CHAUX-DE-FONDS, GRACE AUX PROUESSES D’ANTENEN BAT WINTERTHOUR MALGRE ELSENER… ET L’ARBITRE
Tribune de Lausanne du 24 août 1959
Le 29 août 1959, Lucerne – La Chaux-de-Fonds 2-5
"[...] La Chaux-de-Fonds, cette année, sera dangereux. Cette équipe est bien composée et a, en Sommerlat, un joueur qui semble posséder le don d’ubiquité. Et la classe d’Antenen !"
Paul Wolfisberg, La Semaine Sportive du 1er septembre 1959
Le 13 septembre 1959, Granges – La Chaux-de-Fonds 3-4
"[...] Ceci dit pour tenir un résultat, encore fallait-il que ce résultat ait été acquis. Or, il le fut dans des conditions brillantes grâce à Antenen qui est de loin le meilleur joueur suisse à l’heure actuelle."
Bernard André, L’Express du 14 septembre 1959
Lausanne, le 16 septembre 1959, Suisse – Padoue 1-4
"Si le football suisse international a vraiment la tête qu’il avait hier soir à la Pontaise, c’est de chirurgie esthétique que nous avons besoin. Car le spectacle de nos amateurs fut navrant. Mais nous en sommes à un tel degré de défiguration que les joueurs ne sont plus en cause. Si ceux qui les guident ne savent pas ce qu’ils font, ni où ils vont, comment voulez-vous incriminer des joueurs qui sont là parce qu’on les sélectionne, qui font ce qu’ils peuvent assurément, dont les qualités sont archiconnues (une fois encore le match n’a pas appris grand chose sinon de négatif), dont la bonne volonté ne peut être mise en doute.
[...] Nous prétendons que hier soir la Chaux-de-Fonds, par exemple, par la seule vertu de son aspect synthétique, sa valeur collective et technique en attaque, battait les deux formations : celle de Suisse parce que en technique précisément, inspiration, disposition tactique, La Chaux-de-Fonds est meilleure (c’est un exemple !) et celle de Padoue parce que les Italiens se sont agréablement entraînés, comptant seulement sur leur technique, sur leur opportunisme et leur sens tactique. C’était du reste suffisant.."
Raymond Pittet, Tribune de Lausanne du 17 septembre 1959
Budapest, le 25 octobre 1959, Hongrie – Suisse 8-0
"[...] L’envoyé de La Semaine Sportive a cru devoir remercier Antenen qui ne désirait plus jouer avec le onze suisse, d’avoir quand même bien voulu se mettre à disposition des sélectionneurs. Entrer dans une pareille galère ! "
La Semaine Sportive du 27 octobre 1959
1960-1965
LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL 1962 AU CHILI
"La Suisse tombe dans un groupe difficile. La Suède, finaliste de la Coupe du Monde 1958, deuxième nation à avoir battu l’Angleterre chez elle, est excessivement redoutable. La Belgique qui a battu la France hier est dangereuse également, chez elle surtout."
Raymond Pittet, Tribune de Lausanne du 29 février 1960
Le 3 avril 1960, Grasshoppers – La Chaux-de-Fonds 1-1
"[...] Buts: Antenen, d’une reprise de volée, à la 8ème seconde ! et sur passe modèle de Pottier, avant qu’un seul Zurichois ne touche le ballon."
Tribune de Lausanne du 4 avril 1960
Bâle, le 6 avril 1960, Suisse – Chili 4-2
"[...] Il faut toutefois relever la partie transcendante d’Antenen. Jamais cette saison nous n’avions vu le Chaux-de-fonnier dans une telle forme. Ses feintes, ses déboulés ont souvent semé le désarroi dans la défense adverse. Il a eu le mérite de marquer le premier but dans un angle difficile et il fut l’artisan des buts marqués par Hugi et Allemann. Certaines de ses reprises de volée valaient à elles seules le déplacement !"
André Willener, L’Impartial du 7 avril 1960
Le 11 septembre 1960, Young-Boys – La Chaux-de-Fonds 3-1
"[...] Dès le début, on pressentait le dénouement de cette lutte. Mais il y eut toutefois un impondérable lorsque, dans le premier quart d’heure, Antenen prépara un de ses coups familiers et, après trois dribbles, logea la balle dans les filets."
A.D. Tribune de Lausanne du 12 septembre 1960
Bâle, le 12 octobre 1960, Suisse – France 6-0
A BALE NOTRE EQUIPE SUISSE DE FOOTBALL DONNE (MAIS OUI !) UNE LECON A LA FRANCE. HUGI, EXTRAORDINAIRE EXPLOIT, MARQUE 5 BUTS D’AFFILEE
"L’équipe suisse de football a livré hier soir, à Bâle, en présence de 40 000 spectateurs émerveillés, l’un des plus beaux matchs de son histoire. Un match qui fut exactement à la mesure de celui qu’elle livra sur le même terrain, en 1954, contre l’Italie. Un match époustouflant de clarté et d’intelligence. Il se trouve qu’en 1954, l’équipe suisse avait cohésion, style, moral et foi en Rappan. Or, depuis que Rappan a repris en main l’équipe nationale au printemps dernier et qu’il aligne les meilleurs joueurs, et non pas les copains, les jeunes ou les faux talents, cette équipe est redevenue ce qu’elle fut. En quatre matchs, Rappan, battu à Bruxelles (peut-être intelligemment, l’avenir nous le dira), a gagné trois fois, contre le Chili, La Hollande et, hier, la France. Il a amené son équipe à marquer 14 buts en quatre matchs. Les plaisantins qui prétendaient avant lui conduire avec compétence cette équipe nationale, avaient réussi à gagner trois matchs en trente rencontres à peu près, et pour marquer 14 buts, il leur eût fallu six ans.
[...] Le tir d’Hugi, à 15 mètres, fut une canonnade au ras du sol, 4 à 1 ; des fusées partirent en plus grand nombre encore, ce fut du délire. Goujon tira sur le poteau à la 65ème minute. Elsener relâcha la balle à la 75ème. Il restait dix minutes de jeu quand on vit le but le plus sensationnel de ces dernières années. Antenen s’amusa avec Peyroche qu’il dribbla facilement et il centra à sept mètres une balle tendue que Hugi, plongeant en avant comme un gardien, reprit de la tête avec une force et une précision inouïe. Les journalistes français enthousiasmés applaudirent eux-mêmes à tout rompre."
Raymond Pittet, Tribune de Lausanne du 13 octobre 1960
Bruxelles, le 20 novembre 1960, qualifications pour la Coupe du Monde, Belgique – Suisse 2-4
"Antenen : 3 buts ! De la finesse, de la classe, de la clairvoyance."
L. Rigassi, Tribune de Lausanne du 21 novembre 1960
LES MEILLEURES EQUIPES ET LES MEILLEURS JOUEURS DE L’ANNEE 1960
LA SUISSE
CLUB : Young-Boys de Berne, champion 1959–1960, qui eut la malchance de tomber en huitième de finale de la Coupe d’Europe sur Hambourg.
JOUEUR : Charles Antenen, ailier droit de l’équipe nationale.
Le Miroir du Football, N° 14, février 1961
Le 3 avril 1961, demi-finale de la Coupe Suisse, Schaffhouse – La Chaux-de-Fonds
"[...] Une seule chose inoubliable, la reprise de volée d’Antenen."
Tribune de Lausanne du 4 avril 1961
Stockholm, le 28 mai 1961, qualifications pour la Coupe du Monde, Suède - Suisse 4-0
"[...] Antenen peu servi, continua ses miracles avec la balle."
Raymond Pittet, Tribune de Lausanne du 21 mai 1961
Berne, le 29 octobre 1961, qualifications pour la Coupe du Monde, Suisse – Suède 3-2
"Karl Rappan a tiré la leçon de la déconvenue de Stockholm. Au Wankdorf, il choisit l’arme de la vivacité en attaque avec ses trois mercenaires, Allemann (Mantova), Pottier et Eschmann (Stade Français). Cette option est la bonne. Pourtant au départ, le pire est à craindre. Simonson de la tête, sur corner, surprend Elsener alors que le match est à peine commencé. Les 55 000 spectateurs respirent : Antenen démontre son incomparable maîtrise technique sur un service de Wüthrich qu’il transforme (9ème). Wüthrich saute plus haut que les Suédois sur un centre de Meier. La Suisse mène 2-1 à la 68ème minute, mais dix minutes plus tard, une balle relâchée par Elsener donne au "toulousain" Brodd la possibilité d’égaliser. Le match nul éliminerait irrémédiablement les Suisses. Eschmann couronne une performance remarquable par le but de la victoire. Dans un bond fantastisque, il surprend le gardien Nyholm lors d’un corner botté par Antenen à la 80ème minute. Wüthrich décroche en défense au cours des dix dernières minutes. Victime d’une charge violente de Brodd à la 35ème minute, le gardien Elsener joue toute la seconde mi-temps avec une fracture du nez."
J. Ducret. Le Livre d’Or du Football Suisse. Ed. L’Age d’Homme. 1994
Berlin, le 12 novembre 1961, match de barrage pour les qualifications de la Coupe du Monde, Suède – Suisse 1-2
Un but de la tête d'Antenen fera la différence. Et pour la cinquième fois de son histoire, la Nati est qualifiée pour la Coupe du monde.
RAPPAN + ANTENEN = CHILE
Journal suédois, novembre 1961
"KIKI" ANTENEN FUHRT SCHWEIZER NACH CHILE
Die Bunte, décembre 1961
"KIKI" ANTENEN, HELD VON BERLIN
"November 1961 wars und düster in Berlin. In Westberlin. Noch viele im Krieg ausgebrannte Häuser ragten in den grauen Sonntag-nachmittag. Die Schweizer Fussball-Nationalmannschaft fuhr vom Flughafen Tempelhof westwärts ins Olympia-Stadion. Mit der Zuversicht, nach Brasilien (1950), der WM-Endrunde 1954 in der Schweiz zum dritten Mal in Folge 1962 in Chile WM-würdig zu sein.
Die Schweiz spielte nicht gegen die BRD, das Wäre in Westberlin noch ein Affront gewesen, die Schweiz musste auf neutralen Platz "stechen" gegen Schweden. Jenes Schweden, gegen das sie in der WM-Ausscheidung in Stockholm 0-4 verloren, im letzen Heimspiel vor 58'000 Zuschauern im Berner Wankdorf in einem die Massen aufwühlenden Spiel aber sensationell 3-2 gewonnen hatte.
Riegel-Coach Karl Rappan hatte in Berlin ein Team, das wusste, Worum es ging. Auch als die Schweden früh führten. Die Wende kam in der 66 Minute, als Heinz Schneiter mit kopfball zum 1-1 ausglich, und nur funf Minuten später hechtete Charles "Kiki" Antenen köpfelnd durch die Luft und erzielte das 2-1 für die Schweiz. Die ganze Schweiz, das Fernsehen war schon dabei, stand kopf, die Schweizer Nationalmannschaft war an der WM-Endrunde in Chile, angeführt von Captain Antenen, dem einzigen Schweizer, dem diese weltmeis-terliche Ehre dreimal widerfuhr.
"Kiki" Antenen war der Schweizer Held von Berlin, hatte indes zuvor schon grossen Anteil auf dem Weg zur WM-Endrunde. Beim 4-2 Sieg in Brüssel schoss er einen klassischen Hattrick ; in der Schweiz traf Ballaman zweimal gegen Belgien zum 2-0. Und auch beim "verrücktesten Spiel", dem 3-2 gegen Schweden in Bern, hatte Antenen ein "goldfüsschen" : Nach neun Minuten glich er das 0-1 nach 80 Sekunden (zwischen Elseners Beinen hindurch) aus. Ihm machte es Wüthrich in der zweiten Halbzeit, bevor Eschmann "mit einem Kofptor des Jahres" den Schweizer Sieg sicherstellte.
Heinz Schneiter, der Zweite der vielen Schweizer Helden von Berlin, heute 65-jährig, errinert sich "an jenes eindrückliche Spiel" und natürlich an Charles Antenen : "Er war ein gentleman, ein feiner Spieler, technish hervorragend, trickreich, flink, schnell. Ich glaube, die Schweiz hat derzeit keinen Spieler solchen Typus. Kiki war immer fair, beging nie ein böses Foul, wollte niemandem weh tun."
Antenen war 1947 18-jährig, als er in die Nationalmannschaft kam. Mit noch nicht einmal 16 spielte er in der NLA und war massgeblich daran beteiligt, dass La Chaux-de-Fonds zu den grossen vier mit GC, Servette, und YB gehörte. "Wenn die Jurassier mit Kiki ins Wankdorf kamen, hatten wir 28 000 Zuschauer erinnert sich Schneiter."
Zum Tod eines der erfolgreichsten Schweizer Fussballers. Berner Zeitung, 23.05.2000
"[...] Un garçon calme et gentil ; même sur le terrain, quand il reçoit des coups il est incapable de les rendre..."
Jackie Fatton. Kiki Antenen Footballeur. Ed. Beley. 1961
Lausanne, le 3 avril 1962, Stade Français – Sélection Suisse 1-1
"[...] Antenen fut très bon et marqua un but sensationnel, un but qui classe un homme et lui accorde son billet pour le Chili, parce que de tels exploits signifient qu’on ne peut pas se passer de leur auteur."
R. P., Tribune de Lausanne du 4 avril 1962
Le 6 mai 1962, La Chaux-de-Fonds – Bâle 3-0
"[...] L’extraordinaire Antenen envoya deux shoots qui resteront en mémoire pour le gardien bâlois."
R. D., La Semaine Sportive du 8 mai 1962
"[...] Swiss qualifiers for the World Cup owed much to the displays of players like Charles Antenen."
World Soccer, June 1962
Santiago du Chili, le 3 juin 1962, CM, Allemagne – Suisse 2-1
"Les Allemands sortent d’un combat sans merci avec les Italiens (0-0). L’arbitre Davidson a souvent été dépassé par la brutalité déployée. Le Hollandais Horn n’expulse pas Szymaniak lorsque celui-ci brisa le péroné d’Eschmann d’un tacle assassin à la 14ème minute. "Le Parisien" tiendra jusqu’à la pause à force de courage. Une fois encore, les Suisses encaissent un but juste avant le repos. Les Allemands doublent la marque sur une contre-attaque de Seeler à la 60ème minute. Tout au long de la dernière demi-heure, il abandonnent l’initiative à des adversaires pourtant réduit à dix. Sur corner, de la tête, Schneiter sauve l’honneur à la 75ème minute."
Jacques Ducret. Le Livre d'Or du Football Suisse. Ed. L’âge d’Homme. 1994
Au Chili, le 7 juin 1962, contre l’Italie, Charles porte une dernière fois le maillot à croix blanche. Etait-ce une décision préméditée ? Avait-il été consterné par la brutalité notoire de cette Coupe du Monde ? En avait-il assez de jouer à l’ailier ? Il déclara qu'il désirait mettre un terme à sa carrière internationale en étant encore en pleine possession de toutes ses aptitudes physiques.
Didier Antenen
Le 2 décembre 1962, Coupe de Suisse, Lausanne – La Chaux-de-Fonds 2-1
"[...] Antenen joue maintenant sur sa seule technique qui lui permet de faire de petits miracles (sa reprise de volée sur un coup de coin tiré court) et de faire jouer ses camarades."
R. P., Tribune de Lausanne du 3 décembre 1962
Le 8 décembre 1963, La Chaux-de-Fonds – Bienne
LE PLAISIR D’ANTENEN
"[...] Une fois de plus Antenen fut le meilleur homme sur le terrain ! Son plaisir de jouer comme son moral sont immenses. C’est l’homme des belles ouvertures, des corners, des centres à la perfection."
Ray. D. La Semaine Sportive du 10 décembre 1963
Le 1er mars 1964, demi-finale de la Coupe Suisse, La Chaux-de-Fonds – Grasshoppers 3-0
LE PRINTEMPS D’ANTENEN
"[...] Les premiers applaudissements du match, Antenen les recueillit là-bas sur l’aile droite, au pied des nouvelles tribunes à l’endroit précis où se détache en lettres blanches sur fond vert le mot "printemps". Ni le brouillard noyant le décor, ni les 34 ans du Chaux-de-fonnier n’effaçaient ce symbole allègre. Le football d’Antenen et celui de ses coéquipiers est riche d’espoir, c’est une bouffée printanière."
Jacques Ducret, La Semaine Sportive du 3 mars 1964
Le 22 mars 1964, La Chaux-de-Fonds – Zurich
LOUIS MAURER N’AVAIT PAS PREVU LE GRAND APRES-MIDI D’ANTENEN
La Semaine Sportive du 24 mars 1964
Le 26 avril 1964, La Chaux-de-Fonds – Lausanne 2-2
"[...] Les licenciés helvétiques ne font pas la grève des bras croisés. Championnat, Coupe d’Europe, matchs internationaux les mobilisent en permanence ou presque. Voyez les sélectionnés : hier au service du club, aujourd’hui rassemblement général à Zurich pour le match contre le Portugal. On n’en demande guère plus aux professionnels authentiques. Mais revenons à la course aux points. Dimanche, le dernier d’avril, la vingtième journée. Tous les regards braqués vers La Chaux-de-Fonds où se déroulait l’événement : le 16ème derby romand de la saison, celui-là à l’enseigne de la revanche de la finale de la Coupe de Suisse. La foule des grands jours (18 000 spectateurs); match très ouvert suivi par l’équipe servettienne attentive, déjà nantie des deux points acquis la veille contre Chiasso, vivant le fol espoir que Lausanne jouerait quelque tour à l’adversaire chaux-de-fonnier. Mais celui-ci est insaisissable dans son "réduit" montagnard. Il s’en est pourtant fallu de peu que les visiteurs fassent table rase. Antenen en a décidé autrement à huit minutes de la fin."
Tribune de Lausanne du 27 avril 1964
Le 16 septembre 1964, Coupe des Clubs Champions, La Chaux-de-Fonds – Saint-Etienne 2-1
LA PLUS BELLE VICTOIRE
"[...] Presque tout ce que le mot football peut évoquer à ceux qui se sentent les disciples de Jean Snella, c’est du côté des Chaux-de-fonniers qu’ils le découvrirent. La victoire des Neuchâtelois est pour nous la plus belle, ou en tout cas la plus significative jamais remportée par une formation suisse. Acquise dans une compétition réputée pour son âpreté, elle le fut grâce à une stupéfiante débauche d’énergie mise au service d’une technique supérieure à celle de l’adversaire."
Jacques Ducret, La Semaine Sportive du 17 septembre 1964
"Chez les Chaux-de-fonniers, c’est Antenen qui m’a fait la plus grosse impression."
Jean Snella, La Semaine Sportive du 17 septembre 1964
Après le match Benfica Lisbonne – La Chaux-de-Fonds, du 9 décembre 1964, le déjà légendaire Eusebio offre un maillot à mon père.
Didier Antenen
Le 19 septembre 1964, La Chaux-de-Fonds – Sion
"[...] La Chaux-de-Fonds a sauvé son match grâce à Brkjaka, armé pour jouer à la fréquence des professionnels, grâce à Eichmann, gardien irréprochable, grâce à Vuilleumier qui a acquis ce rien de hargne qui impose le respect aux défenseurs, grâce enfin à Antenen dont la classe est si grande qu’il fait à chaque fois le mouvement juste lorsqu’on n’attache pas un chien de garde à ses mollets."
Valentin Borghini, Tribune de Lausanne du 21 septembre 1964
"[...] On ne peut pas parler du FC La Chaux-de-Fonds sans proclamer les mérites de son capitaine. Charles Antenen vient de disputer trois matchs en dix jours. Au coup d’envoi, nous étions persuadés qu’il ne jouerait qu’une mi-temps. Or, il tint tout le match et en fin de partie on ne vit que lui !"
Jacques Ducret, La Semaine Sportive du 22 septembre 1964
Le 6 mars 1965, Servette – La Chaux-de-Fonds
LA CHAUX-DE-FONDS JOUE EN CHAMPION
"[...] La victoire, en vérité, à longuement hésité avant de faire son choix mais si elle a récompensé La Chaux-de-Fonds, on ne saurait parler d’injustice. Cette équipe possédait les plus fortes individualités et ces individualités, Antenen, Bertschi et Vuilleumier, ont marqué à tel point le match de leur empreinte que la balance a penché finalement en leur faveur."
V. B., Tribune de Lausanne du 8 mars 1965
"[...] Au cours de ces dix dernières années, Charles Antenen aurait dû être le meneur de jeu, le stratège de l’équipe nationale et non son onzième homme en exil sur l’aile droite. Voilà ce qui paraît évident au moment où à 35 ans, il dispute son dernier championnat. A quatre reprises (contre St-Etienne, Lausanne, Benfica et Servette) il n’a fait qu’aviver nos regrets. Connaissez-vous en Suisse un inter de soutien aussi clairvoyant, aussi prompt à déceler la faille dans le placement des défenseurs adverses ? L’art délicat avec lequel Antenen tire parti des possibilités offensives du quatuor : Brossard, Vuilleumier, Bertschi, Trivellin, est unique."
J. Ducret, La Semaine Sportive du 9 mars 1965
"[...] Charles Antenen a reçu, hier, des mains de Monsieur Jean Pierre Méroz, Directeur de la Radio Romande, une récompense dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est amplement méritée. Il s’agissait d’une médaille d’or destinée au meilleur footballeur suisse de l’année 1964."
V. Borghini, Tribune de Lausanne du 11 mars 1965
Le 19 juin 1965, La Chaux-de-Fonds – Eintracht Frankfurt 2-1
LES BREVETS DE "KIKI"
"Le poids des ans n’a, une fois de plus, pas semblé trop lourd à Charles Antenen. Pour l’un de ses derniers matchs, Monsieur Antenen se livra, en effet, à une exhibition spectaculaire durant les premières 45 minutes. Grand organisateur, il marqua également le deuxième but pour ses couleurs, d’une impeccable facture. S’il exploite un brevet dans sa vie professionnelle, "Kiki" possède également l’exclusivité de certains exploits."
P. A. Luginbuhl, L’Impartial du 21 juin 1965
« [...] Et je regarde des photos. Et le football est là, comme miraculeusement, sans parole, sans mouvements. Plus puissamment révélateur dans sa fixité qui saisit l’oeil, le cerveau et le cœur. J’ai devant moi la première page de l’Echo Illustré du 31 mars 1951. Acheté chez un libraire spécialisé dans l’ « antiquité sportive » à Zurich. A gauche, Kiki Antenen, éblouissant d’harmonie et de puissance, à droite, André Neury battu. De cet instant immortalisé, couleur sépia, sourdent les souvenirs. Je crois entendre la douce voix d’Antenen comme un poème. » Jean-Jacques Tillmann. Coup de Cœur et de Mémoire. 24 Heures du 2 novembre 2002